Kin-en-cage
Il y a des choses que l’on prend comme acquis…telle que la liberté. Un simple mot mais qui engendre un nombre incroyable de choses. Libre de sortir et de rentrer. Libre de parler. Libre de lire, de rire, de danser, de crier, de pleurer, de se vêtir d’une quelconque façon. Libre tout simplement.
Il va sans dire qu’il y a des restrictions mais si on ne s’égare pas vers celles-ci, en général, on est libre d’agir. Tant qu’on vit dans un pays dit libre.
Perdre cette liberté, c’est comme être dans une position où la vie semble s’arrêter. Une position de faiblesse. Du moins c’est ce que je me suis dit l’autre jour.
J’étais la dernière à quitter le bureau…une habitude dont je dois absolument me départir. J’ai éteint toutes les lumières et ai fermé la serrure du bureau à double tour. Comme je le fais tous les soirs. Puis je me suis dirigée vers les marches…mais quelle ne fut pas ma surprise de constater que la barrière du couloir, installée pour protéger deux bureaux, avait été fermée à clé. Je l’ai secouée à plusieurs reprises, créant ainsi un vacarme infernal, et espérant que l’on viendrait à ma rescousse mais les habitants de l’immeuble semblaient ne rien entendre!
Entre deux portes de bureaux, qui un jour formait un appartement à deux entrées, un agent m’avait encagée ! Je n’avais pas de clé. Je n’en n’avais jamais eue malgré mes incessantes demandes. Je n’avais jamais reçu cette fameuse clé mais surtout, la barrière de protection n’était jamais fermée à clé, je pouvais aller et venir à ma guise, sans me soucier de la barrière. Il avait été établi qu’elle resterait à jamais ouverte. Et que personne ne devait la fermer à clé.
Entre ce qui est dit et ce qui est fait, ceux qui transmettent l’information et ceux qui la reçoivent, mes chers amis, laissez-moi vous dire qu’il y a un monde !
Je disais donc, fin de la journée…une journée épuisante, je me retrouve encagée entre deux portes d’entrée et une grille bloquée.
Je me sens à l’étroit tout à coup. Je n’arrive plus à bien respirer, malgré les espaces existant entre chaque barreau de fer.
Je ne veux pas réfléchir. Je veux sortir. Je veux être libre de pouvoir entrer et sortir à ma guise. Mais non ! Me voilà coincée. Soudain, la panique me prend. Je sens une moiteur sur la paume de mes mains…je n’arrive pas à tenir mon portable. Je dois appeler au secours…Toutes les idées me passent par la tête. Un coup monté pour affaiblir mon esprit ? Simple méchanceté ? Mes doigts
pianotent sur le clavier de l’appareil, ne trouvant pas le numéro d’appel d’urgence….ou un numéro simplement….mes yeux sont aveuglés par les perles de sueur qui se dessinent sur le front et continuent leur chemin sur mon nez…
J’ai l’impression d’étouffer. Est-ce ce sentiment que les prisonniers ressentent chaque jour ? Un sentiment de suffocation. D’impuissance. De peur qui vous tenaille les entrailles ?
J’ai peur tout en sachant pertinemment bien qu’un secours arrivera tôt ou tard. En attendant l’arrivée du secours, je tourne en rond…je m’acharne à secouer la barrière mais rien n’y fait. Elle est bel et bien fermée à double tour. J’essaie de me calmer. Une dernière tentative avant d’être totalement aveuglée par les perles de sueur. J’appelle le numéro du chauffeur qui m’envoie du renfort. Je veux sortir. Tout de suite. Serai-je claustrophobe ? J’ai l’impression que les murs se resserrent sur ma personne. Je sens que j’étouffe. Mes forces semblent me quitter. J’ai peur que l’on me retrouve étalée sur le sol froid du couloir…
Le renfort est tout à coup présent…mais ma panique continue pendant que le dépanneur m’annonce tout penaud : « les clés ne sont pas les bonnes, désolé » puis disparaît.
Ma panique reprend le dessus. Je bégaie et n’arrive plus à m’exprimer pendant que je regarde, impuissante, le dépanneur disparaître dans la cage d’escalier…
Combien de temps pourrais-je encore tenir ainsi ? J’ai mal à la tête. Je veux sortir. J’ai soif, faim. Puis soudain, je me calme. Un vent a soufflé sur moi. Je l’ai senti. Une sorte de présence qui m’a calmée. Mes muscles se sont aussitôt détendus. La sueur de mon front a disparu comme par enchantement. Je suis calme. Une solution est sur le chemin. Je m’assieds dans la position du lotus et attend patiemment que le dépanneur revienne, un trousseau d’au moins une trentaine de clés en mains. La première doit être la bonne me dis-je…Et la première EST la bonne ! La grille s’ouvre et je me précipite vers la cage d’escalier. Je suis libre. De quitter cet endroit qui pendant trente longues minutes a été ma cellule.
Oh combien je me rends compte de ce qu’est la liberté ! Et qu’au lieu de croire que rester encagée, c’est la fin du monde, je ferai mieux de remercier chaque jour que je passe sur terre, parce que, moi, je suis libre de mes mouvements. Chaque jour. Libre d’aller où je veux. Libre de faire ce qui me plait. Libre tout simplement. Libre de vous écrire, vous chers lecteurs !
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